Pas toujours chanceux lors de l’ensemble de ses aventures au sein des diverses équipes qu’il a connues, le joueur français est dorénavant reconnu sous l’appellation « the problem » et ce depuis son kick chez Team EnVyUs… Et si la malchance n’avait pas été le principal facteur de toutes ces mésaventures ? À l'occasion des WESG où il remplacera le joueur belge ScreaM chez ces mêmes EnVyUs, retour sur son épopée hexagonale...

 

Histoire d’un parcours atypique

 

Issu du jeu Couter-Strike 1.6 contrairement à la majeure partie de ses anciens coéquipiers, Fabien "kioShiMa" Fiey déboule sur CS:GO avec l’équipe Clan-Mystik en 2013. Le joueur montre rapidement les signes d’un joueur taillé pour le top mondial, notamment avec sa victoire aux ESWC 2013 face aux VeryGames de Kevin "Ex6TenZ" Droolans, dominateurs de l’époque.

En 2014, après avoir joué chez Epsilon durant un court laps de temps, le voilà recruté par Team-LDLC aux côtés de Richard "shox" Papillon, Nathan "NBK-" Schmitt, Edouard "SmithZz" Dubourdeaux et Vincent "Happy" Cervoni. L'équipe passe les paliers un à un, puis arrive au sommet fin novembre 2014 durant le major à la Dreamhack Winter 2014 où les Français s'imposent face aux NiP sur la terre de ces derniers : la Suède.

 

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Le palmarès de kio n'aura pas mis bien longtemps à s'agrandir

 

Peu de temps plus tard, l'équipe remporte la seule et unique édition des X-Games qui aura lieu sur CS:GO et signera chez EnVyUs pour passer dans la dimension au-dessus, côté salaire évidemment, mais aussi côté organisation. Au sein de la structure américaine, les choses ne se passent pas comme prévu et y remédier, le fameux duo Shox-SmithZz s'en va et fait place au binôme tout aussi talentueux : KennyS-apeX. Comme auparavant, l'équipe monte les échelons un à un avant d'être sacrée au major de Cluj-Napoca 2015.

 

La période suivant ce major est toute aussi dure à relater aussi bien pour les joueurs que pour les fans : malgré quelques bonnes opérations à souligner, l'équipe EnVyUs, connue pour sa fougue et son appétit, n’y arrive plus et enchaîne les contre-performances. Le mois de mars 2016 leur est fatal et donne lieu au départ de "kio", écarté par ses coéquipiers pour changer la dynamique. La première raison évoquée était le manque d'envie de kioShiMa au sein d'une équipe où l'ambiance n'était plus au beau fixe. La mise à l'écart est largement médiatisée par les sites spécialisés et la communauté se range en grande majorité du côté de Fabien "kioShiMa" Fiey. L'affaire prend de l'ampleur surtout quand son remplaçant est annoncé, Timothée "DEVIL" Démolon, inconnu aux yeux de la planète hormis en France, les fans ne comprennent pas ce recrutement censé combler au départ du joueur de 23 ans. Le mois d'après, Fabien Fiey signera finalement chez FaZe Clan qui était à la recherche d'un nouveau rifle pour remplacer Mikail "Maikelele" Bill.

 

Chez FaZe, même si l'équipe semble être un alliage parfait de joueurs talentueux, les résultats se font attendre et l'équipe européenne ne fait plus peur à personne. Il faut attendre l'arrivée de leader ingame karrigan courant 2017 pour enfin voir les joueurs s'imposer dans une lan au cashprize majeur : La StarLadder i-League StarSeries Season 3. Cela restera comme étant le seul titre majeur remporté par kioShiMa avec la structure américaine. Peu de temps après cette victoire, les hommes de Finn "karrigan" Andersen s'inclinent en finale des ECS saison 3 face aux SK Gaming. Logiquement attendus par tous au major PGL de Cracovie, parfois mêmes cités comme favoris, les protégés de RobbaN ne passent finalement pas la première phase de l'évènement et terminent sur un top 15-16 ô combien décevant. Conséquence indirecte de cet échec : kioShiMa est écarté pour la deuxième fois en deux ans d'une top-team au profit, cette fois-ci, d'Olof "olofmeister" Kajbjer Gustafsson.

 

Une question d'attitude ?...

 

S'il est difficile de diagnostiquer avec précision différentes équipes afin de connaître le comportement de chaque joueur, il est pourtant possible de déceler certains aspects négatifs comme lorsque Vincent "Happy" Cervoni avait répondu à quelques questions pour nos confrères de fragbite :

 

Tout d'abord, il est important de connaître le contexte, car quand cela est arrivé, je n'étais pas le LIG d'EnVyUs. Nous avions de vrais problèmes avec kio, il ne jouait pas autant que nous et ne jouait donc pas si bien que ça. Les problèmes au sein de l'équipe nous ont forcés à en attendre davantage de sa part. Cela a créé diverses tensions au sein de l'équipe. Comme vous avez sûrement pu le voir, il n'était pas à l'aise avec notre communication ainsi que dans ses relations avec nous...

 

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Hum...

 

Ceci appuyant cela, kioShiMa s'est livré au journal L'équipe alors qu'il était chez FaZe et ce juste avant le major PGL de Cracovie 2017 :

 

La période de ma séparation avec EnVy, je l'avais planifiée. Je savais que mon temps était compté, je perdais l'envie de jouer et ma motivation à cause de problèmes internes. Les seuls moments de doute que j'ai eus concernaient ma future destination, puisque j'avais des propositions pour jouer en Europe ou en Amérique. Je pense que ce changement m'a redonné un boost de motivation et surtout j'ai pu élargir mes compétences linguistiques, apprendre sur les cultures d'autres pays... Des choses qui ne m'auraient pas forcément intéressé si tout ceci ne s'était pas produit. Aujourd'hui je suis une personne plus complète dans et hors du jeu.

 

Son départ auprès d'EnVyUs aurait donc eu lieu à cause d'une perte de motivation et cela aurait provoqué une perte d'implication au sein des Boys in Blue. Si ces facteurs ont joué dans son départ de la structure américaine, il semblerait que pour son éviction chez FaZe les causes n'aient pas été bien différentes.

 

... ou de skill ?


L'intéressé avouait il y a quelques semaines de cela chez VaKarM qu'une nouvelle "chose" venait de se briser juste avant le major de Cracovie. S’il n'est pas le seul a avoir été écarté par FaZe puisqu'Aleksi "allu" Jalli est lui aussi parti à la même période, il faut dès lors se pencher sur les scoreboard pour essayer d'en savoir plus :

 

 

 

Voici les scoreboards des 3 uniques matchs joués et perdus par FaZe lors du major PGL (HLTV)

 

Hormis Karrigan qui est le leader in game de l'équipe et qui ne peut que trop rarement prétendre à faire de meilleurs scores, le joueur français reste en fond de classement. Il serait maladroit de juger les performances de kioshima à la seule vue du scoreboard, étant un joueur riffle au rôle majoritairement passif, il est donc très rare de le voir truster le haut du tableau.

 

 

Cependant, en comparaison, nous avons ci-dessus le scoreboard de la finale FaZe - Astralis du tournoi StarSeries S3, seule compétition majeure remportée sous l'ère kioShiMa. Lors de ce match, Fabien était parvenu à faire la différence dans un grand match. Cette comparaison permet de contraster l'analyse précédente et prouve en quelque sorte que le rifler n'hésitait pas à prendre les devants, comme ici face aux Danois. Les scoreboards étant insuffisants pour notre analyse, nous allons donc avoir besoin d'une nouvelle infographie, de nouveau proposée par HLTV lors du major de Cracovie :

 

 Moyenne du "performance rating" de kio lors de ce major : 0.61

 

Ci-dessus, nous avons donc le "performance rating" de chaque joueur, et ce, pour les trois matchs joués durant le major. Rappelons-le, ce performance rating 2.0 mis en place par HLTV est un savant mélange de facteurs débouchant sur une notation très efficace. Cette note s'étalant de 0 à 2 prend donc en compte : les dégâts infligés, les ouvertures réalisées, les victoires en situation de clutchs, le nombre de décès, mais aussi le pourcentage de rounds joués en ayant survécu (et bien d'autres facteurs mesurant l'impact du joueur sur la game). Bis repetita ici, le rifler truste le bas du tableau et laisse cette fois-ci percevoir sa fébrilité. L'état d'esprit de l'équipe FaZe à ce moment-là est clairement incompréhensible, alors qu'ils venaient juste de remporter leur premier tournoi de haut niveau lors de la StarLadder. Si quelque chose s'était brisée comme à l'époque chez EnVyUs, c'est une nouvelle fois le Français qui en fait les frais et qui se retrouve dos au mur.

 

Pour ne pas prendre l'exemple d'un seul tournoi, voici trois matchs différents (dont deux défaites en finale) où nous pouvons constater la valeur étalon du Français qui obtient les meilleures notes lors du major de Krakow.

 

Performance rating des FaZe de la finale perdue en ECS S3 face à SK :

 

 

Performance rating des FaZe de la finale perdue des IEM Sydney face à SK :

 

 

Performance rating des FaZe face aux G2 en quarts de la StarSeries S3 :

 

 

 

Le skill global n'est donc pas à remettre en cause, tous savent de quoi est capable l'ex-EnvyUs mais il semblerait bel et bien qu'une problématique interne se soit ajoutée avant le major, et une nouvelle fois, les performances de kio en ont payé le prix fort.

 

Mais où est donc le problème ?

 

kioShiMa s'est longtemps amusé de sa situation vis-à-vis des équipes françaises et a toujours su capitaliser sur son image auprès de sa communauté. Si son talent n'est évidemment pas à remettre en cause, il s'avérerait que ses différentes mésaventures présentent, vues de l'extérieur, un problème récurrent dans des équipes aux égos bien particuliers. Pour chaque départ, l'ambiance au sein de chaque équipe n'était pas au beau fixe et a, à chaque fois, laissé place au doute et à la mésentente. La question se pose pour kio, car à deux reprises, et toujours dans des équipes du top 5 mondial, le joueur français n'a pas su conserver sa place dans l'effectif.

 

Si certains voient encore en Fabien "kioShiMa" Fiey comme le mal-aimé de la scène française, il serait dommage de croire que les protagonistes de ces mises à l'écart soient incontestables. Fabien n'est sûrement pas exempt de tout reproche, mais que dire de ses coéquipiers ?

 

Son éviction de chez EnVyUs reposait davantage sur une décision de ses coéquipiers, au terme d'une période de mal-être qui aura finalement eu raison de lui. En comparaison, chez FaZe, le joueur français n'a pas quitté l'organisation sur décision de ses coéquipiers (même s'il est certain que ces derniers aient étés consultés), mais bel et bien après un choix effectué par les managers du clan américain. Si à chaque changement d'équipe, l'arrivée de kio fut un apport d'expérience non négligeable, il faut aussi analyser l'aspect psychologique de la problématique qui semblerait être un facteur déterminant pour ce qui est du bien-être du joueur au sein de ses formations futures. Apprécié pour son haut niveau de jeu et ses qualités de joueur incisif capable de renverser un match à lui seul, le natif de Dunkerque devra aussi prouver, à l'avenir, qu'il est capable de s'engager sur le long terme dans un cinq de niveau mondial et se focaliser sur une seule et unique chose : son jeu.

 

[Release] Counter-Strike: Global Offensive update for 1/13 ...

 

 

La motivation de chaque joueur est un élément de gestion à part entière dans le sport et l'esport de haut niveau, comme cité par le spécialiste J.J Menuet : «  Tout le monde s'accorde maintenant pour dire qu'à valeur physique et technique équivalente, un mental de haut niveau différencie le champion du simple sportif. Il est toutefois difficile d'évaluer la part du mental dans la performance, mais elle est souvent prépondérante […] ». 

 

C'est un fait : dans un sport d'équipe, ou dans un jeu coopératif, être à l'aise avec ses coéquipiers facilite grandement les performances. Mais n'oublions pas une chose, chaque équipe est composée d'individus différents pour qui les humeurs, les personnalités, et les objectifs peuvent diverger. C'est en ça que repose le vrai intérêt de la dimension psychologique : un joueur doit rester déterminé dans sa quête de victoire et peu importe les péripéties à laquelle il fera face.