meta

La phase de groupes s’est clôturée il y a quelques jours de cela et avant de nous focaliser sur les playoffs, la rédaction vous propose une étude récapitulative de la meta depuis le début de la compétition.  

 

 

Introduction

 

Définition de la métagame

Terme très utilisé dans le champ de l’esport, que cela soit par les joueurs professionnels, les analystes, les commentateurs ou les simples joueurs amateurs. De manière globale, il désigne l’ensemble des stratégies, méthodes, orientations des joueurs qui ne sont pas prescrites et écrites dans les règles du jeu lui-même mais qui sont issues de l’expérience et des analyses de ces joueurs. Pour garder une tradition mathématique, ce dossier s’appuie sur un condensé de données statistiques pour étudier quels ont été les choix prioritaires des équipes. Bien évidemment, l’esport n’est pas une science exacte et ce n'est pas la métagame qui fait les choix des équipes mais bien les choix des équipes qui font la métagame. Ainsi, avec ce dossier, on peut voir que certains picks « méta » n’ont eu que peu de réussite en réalité.

 

Notes sur le patch utilisé

Cette édition 2017 se déroule sur le patch 7.18 et non sur le patch live (7.20). Par conséquent, les reworks d’Evelynn ou de Xin Zhao ne sont pas disponibles dans la compétition. À titre d'exemple, Janna n'a pas encore vu ses PV et son mana de base diminuer ou ses délais de récupération (C.D) augmenter. Concernant l'Encensoir Ardent, son bonus en vitesse d'attaque n'a pas encore été équilibré et il procure encore des soins à l'impact pour le bénéficiaire. Ce qui explique en partie son omniprésence dans cette compétition. Nous vous prions donc de ne pas considérer la métagame décrite dans cet article comme la métagame actuelle du jeu. Les patchs sont différents et l’environnement professionnel compétitif n’a rien à voir avec l’environnement de votre SoloQ. 

 

Structure et construction du dossier

Dans ce dossier, ce sont les postes immuables de League of Legends qui structurent et organisent le développement. Un focus sur chacun des postes sera proposé pour évaluer et juger la métagame de ceux-ci dans ces championnats du monde. 
Les statistiques utilisées sont celles trouvées ou calculées à partir des informations fournies par différents sites internet spécialisés. La liberté a été prise d'arrondir les valeurs, généralement au nombre entier le plus proche.

 

Subjectivisation de statistiques objectives

L’outil statistique est la base de ce dossier. Cependant, ce dernier entend donner des données explicatives et des clefs de lecture pour comprendre cette méta. Par conséquent ne vous attendez pas à trouver la vérité absolue, la discussion reste ouverte et tous les retours sont les bienvenus.

 

 

 

Les cas particuliers : le podium des champions présents

 

Avant de commencer l’analyse poste par poste de la métagame, j’ai cependant jugé bon de m’attarder sur les cas particuliers : le podium des champions les plus prisés dans cette compétition. En raison de leur taux de présence (nombre de bans + nombre de picks) , de 100% ou très proche de 100%, il semble nécessaire d’expliquer les raisons d'un tel engouement.

 

Des fortunes très diverses

Le podium de taux de présence est constitué de Jarvan et Kalista qui se partagent la première marche (100% de taux de présence) suivis de Sejuani (98%) qui n’a pas su garder cette stat parfaite en seconde semaine. Un cran juste en dessous, on retrouve des champions comme Janna (92,2%), Lulu (92,2%) ou Xayah (90,2%) qui seront cependant présentés plus tard dans le dossier.

On observe cependant que le trio de tête n’a pas une présence de même nature dans le déroulement des parties. Kalista n’a jamais pu fouler une seule fois la Faille de l’Invocateur puisqu’elle a été permaban. Jarvan et Sejuani ont eu, eux, la chance d’être joués respectivement à 21 et 23 reprises lors de cette phases de groupes.

 

 

Kalista, la bannie

(100% de ban rate)

 

Fanart par DGatrick

 

Une vengeance qui fait peur (51 bans) : Kalista est un champion qui fait peur, très peur. Littéralement permaban, la statistique est d’autant plus parlante que c’est systémiquement l’équipe Red Side (celle qui ne dispose pas du first pick) qui décide de l’écarter. On est en droit de penser que la suite de la compétition ne lui laissera pas plus de chance. Surtout au regard de sa performance au cours des Play-In : 80% de winrate et un pentakill pour Whitelotus, le joueur argentin. Au niveau régional, elle était déjà omniprésente dans toutes les régions, avec un taux de présence de 100% en LCS EU, LCS NA, LCK et en LMS, et de 93,5% en LPL. Ses forces sont intactes et la métagame lui est très favorable.

 

Une savonnette de mobilité : la mécanique unique mais exigeante de son auto-attaque lui permettant de jump est la force numéro un de ce champion. Grâce à cette mécanique, elle dispose d’un kiting exceptionnel, elle peut esquiver plus facilement les capacités ennemies, chase de manière efficace et même traverser certains murs.

 

Un contrôle des objectifs neutres imparable : le contrôle des objectifs est une nécessité pour espérer gagner, surtout au niveau professionnel. Kalista, à l’aide de son extirpation, peut facilement sécuriser Hérault de la Faille, Dragons et Barons Nashor. Il devient impossible de contester ou de voler ceux-ci, Kalista infligeant plus de dommages qu'un Smite de jungler.

 

Un ultimate d’engage et de sauvetage : l’ultimate de Kalista permet au besoin de servir d’engage en jetant son support dans la mêlée et de knock back les ennemis en zone. Si son support est en mauvaise posture, l’ultimate le rend inciblable et le ramène en sécurité (à condition d’être à portée). Ce qui explique pourquoi Kalista a une bonne synergie avec tous ses supports. Si le patch 7.18 a nerfé son cooldown de 30 secondes à chaque niveau, cela reste un ultimate très puissant laissant peu de counter-play aux adversaires.

 

Une domination de lane solide : le passif de son Z permet, lorsque son support et elle ciblent le même ennemi, d’infliger des dégâts supplémentaires (un maximum de 15% des PV max de la cible). Son E lui permet également de push très rapidement (annule le délai de récupération et rend le mana utilisé lorsque des cibles sont tuées). Kalista se présente alors comme une vraie dominante de la botlane.

 

Une métagame forgée pour elle : ses formes sont connues et ne suffisent pas à expliquer son permaban. La métagame globale lui étant très favorable, elle explique aussi pourquoi elle est si crainte. Sans spoiler le reste du dossier, on observe une résurgence de champions tanks que Kalista peut aisément kite tout en infligeant de gros dégâts à l’aide de son extirpation et du passif de son Z. Couplée à l’omniprésence de l’Encensoir Ardent, elle stack les lances d’autant plus vite tout en ayant une mobilité accrue. Comparativement aux autres ADC, en plus d’augmenter ses dommages et son sustain, l’Encensoir Ardent augmente aussi sa mobilité. Enfin, elle n’a pas besoin d’attendre le late game pour être efficace, contrairement à certains ADC.

 

 

Sejuani, le tank venu du Nord (27 picks)

Joueurs l’ayant le plus jouée : Svenskeren, Crash et Condi (3 fois)

 

 

Solidement ancrée dans la méta (27 picks, 23 bans) : la refonte de la mi-saison lui a offert une meilleure pression d’early game pour gank et une moindre dépendance à son ultimate. Ce qui a participé à son retour en lumière.

 

L’âge de glace : Sejuani dispose de multiples contrôles de foule, de slows, de stuns, d’un bump et d’un knock back. Sur une bonne rotation de contrôles, ses victimes peuvent se voir congelées pour une éternité. Sejuani a la possibilité d’engage, de disengage, de peel et de zoner.

 

Un tank efficace contre les tanks : chevauchant son cochon, Sejuani, à l’aide de son passif, ne craint pas les ralentissements et voit ses résistances augmenter considérablement (+100 de base, renforcé par un ratio de 100%). Aidée par de bonnes statistiques défensives de base et par les items tanks de la méta, comme le Lithoplastron de Gargouille (40 en armure, 40 en résistance magique, compétence passive et active de tanking), il est très dur de la tuer. On notera également qu’elle inflige des dégâts proportionnels aux PV max de sa cible via son passif (jusqu'à 20% des PV max) et son Z (1,5% des PV max sur le premier tic, 4,5% des PV max sur le second), ce qui est également très pratique dans cette méta remplie de tanks.

 

Les championnats du monde, un environnement propice ? : les compétitions internationales offrent généralement un développement plus lent des parties, avec une agression moindre comparée à la SoloQ. Si Sejuani a besoin de moins de temps pour être efficace, elle reste relativement lente à se mettre en marche. Un match au déroulement plus lent lui est d’autant plus bénéfique. Cependant, elle reste fragile sur des stratégies agressives adverses. Aux Worlds, elle n’a que 44,4% de winrate.

 

 

Jarvan IV, le couteau suisse (21 picks)

Joueur l'ayant le plus joué : Khan (3 fois)

 

Fanart par Ewalabak

 

Un pick polyvalent (21 picks, 30 bans) : l’omniprésence de Jarvan s’explique en grande partie par sa polyvalence. Top ou jungle, pur tank ou bruiser.

 

Une force toute la partie : Jarvan dispose d’une bonne mobilité qui lui offre une grande liberté sur la carte. Il est libre de se déplacer dans la partie adverse de la jungle pour poser la vision ou trouver des routes de gank surprenantes. Passé le niveau 6, un ennemi sans flash et sans mobilité est une proie facile pour Jarvan. Enfin, sa capacité d’engage et ses dommages en AoE le rendent extrêmement fort en teamfight, surtout intégré à un combo (synergie avec Orianna).

 

Une bonne relation avec les AD Carry : dans une méta orientée sur des hyper carry à faible mobilité, Jarvan a la possibilité d’isoler ceux-ci ou de les tuer s’il est build AD (certains l’ont joué Léthalité). Il supporte également son carry avec son drapeau qui augmente la vitesse d’attaque de ses alliés (maximum de 25% d'AS pour ces derniers)